S’il arrivait un jour, en quelque lieu sur terre, Qu’une entre vous vraiment comprît sa tâche austère, Si, dans le sentier rude avançant lentement, Cette âme s’arrêtait à quelque dévouement, Si c’était la Bonté sous les cieux descendue, Vers tous les malheureux la main toujours tendue, Si l’époux, si l’enfant à ce cœur ont puisé, Si l’espoir de plusieurs sur Elle est déposé, Femmes, enviez-la. Tandis que dans la foule Votre vie inutile en vains plaisirs s’écoule, Et que votre cœur flotte, au hasard entraîné, Elle a sa foi, son but et son labeur donné. Continuer la lecture de « « Aux Femmes » de Louise-Victorine Ackermann »
Beauté des femmes, leur faiblesse, et ces mains pâles Qui font souvent le bien et peuvent tout le mal, Et ces yeux, où plus rien ne reste d’animal Que juste assez pour dire : « assez » aux fureurs mâles !
Cette femme du monde, Pâle et blonde, Qu’on voit d’un pas pressé, L’œil baissé, Filer sous les grands arbres Loin des marbres, Héros, Amours, Bergers, Trop légers, S’en va vers un coin sombre Voilé d’ombre, Derrière les massifs De vieux ifs. Sans manteau qui la drape Un Priape Lascif dresse en ce lieu Son long pieu, Que couronne d’acanthe La bacchante. Par delà le nombril Son outil Lui monte jusqu’au buste, Gros, robuste, Par le chaud, par le froid, Toujours droit. Sous l’acier qui paillette Sa voilette, Le cachemire long Au talon, Cette sainte Nitouche Qu’effarouche Le moindre mot plaisant Non décent, Chaque soir rend hommage À l’image Que le gamin impur Trace au mur. Sur le dieu de Lampsaque Elle braque Son lorgnon et ses yeux Curieux, Et d’un regard de chatte Délicate Croque comme un oiseau Ce morceau. Foin de ces dieux superbes, Mais imberbes, Qui vous montrent un nu Si menu. La plus chaste matrone, Dit Pétrone, Toujours volontirs vit Un gros vit !