Création ! figure en deuil ! Isis austère ! Peut-être l’homme est-il son trouble et son mystère ? Peut-être qu’elle nous craint tous, Et qu’à l’heure où, ployés sous notre loi mortelle, Hagards et stupéfaits, nous tremblons devant elle, Elle frissonne devant nous !
Ne riez point. Souffrez gravement. Soyons dignes, Corbeaux, hiboux, vautours, de redevenir cygnes ! Courbons-nous sous l’obscure loi. Ne jetons pas le doute aux flots comme une sonde. Marchons sans savoir où, parlons sans qu’on réponde, Et pleurons sans savoir pourquoi.
Homme, n’exige pas qu’on rompe le silence ; Dis-toi : Je suis puni. Baisse la tête et pense. C’est assez de ce que tu vois. Une parole peut sortir du puits farouche ; Ne la demande pas. Si l’abîme est la bouche, Ô Dieu, qu’est-ce donc que la voix ? Continuer la lecture de « « Dolor » de Victor Hugo »
Mère, voilà douze ans que notre fille est morte ; Et depuis, moi le père et vous la femme forte, Nous n’avons pas été, Dieu le sait, un seul jour Sans parfumer son nom de prière et d’amour. Nous avons pris la sombre et charmante habitude De voir son ombre vivre en notre solitude, De la sentir passer et de l’entendre errer, Et nous sommes restés à genoux à pleurer. Continuer la lecture de « « Dolorosæ » de Victor Hugo »
La courbe de tes yeux fait le tour de mon cœur, Un rond de danse et de douceur, Auréole du temps, berceau nocturne et sûr, Et si je ne sais plus tout ce que j’ai vécu C’est que tes yeux ne m’ont pas toujours vu. Continuer la lecture de « « La courbe de tes yeux » de Paul Éluard »
Mon amour, ma passion, ma douleur Je me meurs en toi, mon coeur est en pleurs Je veux te voir, te revoir et encore te revoir Jusqu’à la déchirure, jusqu’au désespoir Caresser ta peau, m’imprégner de tes senteurs Sentir tes courbes généreuses, ouïr ton cœur Honnir ce qui fait ta déprime, abhorrer ta peur Tes élans métaphysiques et ton anti-mémoire Ta douce schizophrénie minée par l’espoir Continuer la lecture de « « Amour déchirure » par Abdeslam Kaissy »
slεεp oƒ thε paranoıa-crıtıcıst rhızomε . . Par jef safi
Dans le lit plein ton corps se simplifie Sexe liquide univers de liqueur Liant des flots qui sont autant de corps Entiers complets de la nuque aux talons Grappe sans peau grappe-mère en travail Grappe servile et luisante de sang Entre les seins les cuisses et les fesses Régentant l’ombre et creusant la chaleur Lèvre étendue à l’horizon du lit Sans une éponge pour happer la nuit Et sans sommeil pour imiter la mort.
Frapper la femme monstre de sagesse Captiver l’homme à force de patience Doucer la femme pour éteindre l’homme Tout contrefaire afin de tout réduire Autant rêver d’être seul et aveugle.
Avant mes jours mort me faut encourir Par un regard, dont m’as voulu férir, Et ne te chaut de ma griève tristesse : Mais n’est-ce pas à toi grande rudesse, Vu que tu peux si bien me secourir ?
En ce mois délicieux, Qu’amour toute chose incite, Un chacun à qui mieux mieux La douceur’ du temps imite, Mais une rigueur dépite Me fait pleurer mon malheur. Belle et franche Marguerite Pour vous j’ai cette douleur. Dedans votre oeil gracieux Toute douceur est écrite, Mais la douceur de vos yeux En amertume est confite, Souvent la couleuvre habite Dessous une belle fleur. Belle et franche Marguerite, Pour vous j’ai cette douleur. Or, puis que je deviens vieux, Et que rien ne me profite, Désespéré d’avoir mieux, Je m’en irai rendre ermite, Pour mieux pleurer mon malheur. Belle et franche Marguerite, Pour vous j’ai cette douleur. Mais si la faveur des Dieux Au bois vous avait conduite, Ou, d’espérer d’avoir mieux, Je m’en irai rendre ermite, Peut être que ma poursuite Vous ferait changer couleur. Belle et franche Marguerite Pour vous j’ai cette douleur.