Je ne refuse point qu’en si belle jeunesse De mille et mille amants vous soyez la maîtresse, Que vous n’aimiez partout, et que, sans perdre temps, Des plus douces faveurs ne les rendiez contents : La beauté florissante est trop soudain séchée Pour s’en ôter l’usage, et la tenir cachée. Mais je crève de rage et supporte au-dedans Des glaçons trop serrés et des feux trop ardents, Quand en dépit de moi vous faites que je sache Le mal qui n’est point mal lorsque bien on le cache. Continuer la lecture de « « Je ne refuse point qu'en si belle jeunesse » de Philippe Desportes »
L’amour fut de tout temps un bien rude Ananké. Si l’on ne veut pas être à la porte flanqué, Dès qu’on aime une belle, on s’observe, on se scrute ; On met le naturel de côté ; bête brute, On se fait ange ; on est le nain Micromégas ; Surtout on ne fait point chez elle de dégâts ; On se tait, on attend, jamais on ne s’ennuie, On trouve bon le givre et la bise et la pluie, On n’a ni faim, ni soif, on est de droit transi ; Un coup de dent de trop vous perd. Oyez ceci : Continuer la lecture de « ♪ « Bon conseil aux amants » de Victor Hugo »
Ma mère, quel beau jour ! tout brille, tout rayonne. Dans les airs, l’oiseau chante et l’insecte bourdonne ; Les ruisseaux argentés roulent sur les cailloux, Les fleurs donnent au ciel leur parfum le plus doux. Le lis s’est entr’ouvert ; la goutte de rosée, Sur les feuilles des bois par la nuit déposée, S’enfuyant à l’aspect du soleil et du jour, Chancelle et tombe enfin comme des pleurs d’amour. Les fils blancs et légers de la vierge Marie, Comme un voile d’argent, volent sur la prairie : Frêle tissu, pour qui mon souffle est l’aquilon, Et que brise en passant l’aile d’un papillon. Sous le poids de ses fruits le grenadier se penche, Dans l’air, un chant d’oiseau nous vient de chaque branche ; Jusqu’au soir, dans les cieux, le soleil brillera : Ce jour est un beau jour !… Oh ! bien sûr, il viendra !Continuer la lecture de « « Amour de jeune fille » de Sophie d'Arbouville »
Avant la fin de la journée Va-t’en gaîment jusqu’au jardin Cueillir avec tes douces mains Les quelques fleurs qui n’y sont point encor Tristement, vers la terre, inclinées.
Splendeur excessive, implacable, Ô Beauté, que tu me fais mal! Ton essence incommunicable, Au lieu de m’assouvir, m’accable : On n’absorbe pas l’idéal.
L’Éternel féminin m’attire, Mais je ne sais comment l’aimer. Beauté, te voir n’est qu’un martyre, Te désirer n’est qu’un délire, Tu n’offres que pour affamer !
Étaient-ils malheureux, Esprits qui le savez ! Dans les trois derniers jours qu’ils s’étaient réservés ? Vous les vîtes partir tous deux, l’un jeune et grave, L’autre joyeuse et jeune. Insouciante esclave, Suspendue au bras droit de son rêveur amant, Comme à l’autel un vase attaché mollement, Balancée en marchant sur sa flexible épaule Comme la harpe juive à la branche du saule ; Riant, les yeux en l’air, et la main dans sa main, Elle allait, en comptant les arbres du chemin, Pour cueillir une fleur demeurait en arrière, Puis revenait à lui, courant dans la poussière, L’arrêtait par l’habit pour l’embrasser, posait Un œillet sur sa tête, et chantait, et jasait Sur les passants nombreux, sur la riche vallée Comme un large tapis à ses pieds étalée ; Beau tapis de velours chatoyant et changeant, Semé de clochers d’or et de maisons d’argent, Tout pareils aux jouets qu’aux enfants on achète Et qu’au hasard pour eux par la chambre l’on jette. Ainsi, pour lui complaire, on avait sous ses pieds Répandu des bijoux brillants, multipliés En forme de troupeaux, de village aux toits roses Ou bleus, d’arbres rangés, de fleurs sous l’onde écloses, De murs blancs, de bosquets bien noirs, de lacs bien verts Et de chênes tordus par la poitrine ouverts. Elle voyait ainsi tout préparé pour elle : Enfant, elle jouait, en marchant, toute belle, Toute blonde, amoureuse et fière ; et c’est ainsi Qu’ils allèrent à pied jusqu’à Montmorency. Continuer la lecture de « « Les Amants de Montmorency » par Alfred de Vigny »
À l’heure où s’imaginent de vaines échappatoires Hors des murs déstructurés de ma conscience Je transforme mes nuits en possibles exutoires Avilissant mon âme de ma tranquille innocence.
À l’aube, tout se meurt en d’infernales convulsions Et me ressuscite en adorable muse idyllique Je déserte pour un temps ces inexpressives pulsions Sans renoncer au ravissement d’une voix angélique. Continuer la lecture de « « Eternity » par Emmanuelle Fourmaux »