Ô beaux yeux bruns
Ô beaux yeux bruns, ô regards détournés,
Ô chauds soupirs, ô larmes épandues,
Ô noires nuits vainement attendues,
Ô jours luisants vainement retournée !
Anthologie de la poésie d'amour
Poèmes d'amour francophones
Ô beaux yeux bruns, ô regards détournés,
Ô chauds soupirs, ô larmes épandues,
Ô noires nuits vainement attendues,
Ô jours luisants vainement retournée !
Mon livre (et je ne suis sur ton aise envieux),
Tu t’en iras sans moi voir la Cour de mon Prince.
Hé, chétif que je suis, combien en gré je prinsse
Qu’un heur pareil au tien fût permis à mes yeux ?
Seins, Chérie, de toi-même – et tétons – dénudés,
Prenant ma main, tu l’as portée à ta poitrine,
À ma bouche abouchant tes lèvres, tendrement,
Sur mes genoux assise – ô mon fardeau d’amour ! –
M’accolant, de sommeil léger bientôt gagnée,
Contre mon sein tu es, languide, retombée,
Après de longs soupirs fermant tes yeux lassés,
Tandis qu’en ta torpeur s’immisçait le repos.
Empressé, je t’apporte un filet mince d’air,
T’éventant doucement d’une paume efficace.
J’allège ton sommeil en chantant ; mon chant parle
Des amours de Sarnis, des doux secrets de Faune : Continuer la lecture de « Le somme d’Estelle de Giovanni Pontano »
Plaisir n’ai plus, mais vis en déconfort.
Fortune m’a remis en grand douleur.
L’heur que j’avais est tourné en malheur,
Malheureux est, qui n’a aucun confort. Continuer la lecture de « « Plaisir n’ai plus, mais vis en déconfort » de Clément MAROT »
A la fin tant d’amants dont les âmes blessées
Languissent nuit et jour,
Verront sur leur auteur leurs peines renversées,
Et seront consolés aux dépens de l’Amour.
Ce public ennemi, cette peste du monde,
Que l’erreur des humains
Fait le maître absolu de la terre et de l’onde,
Se treuve à la merci de nos petites mains.
Nous le vous amenons dépouillé de ses armes
O roi, l’astre des rois,
Quittez votre bonté, moquez-vous de ses larmes,
Et lui faites sentir la rigueur de vos lois. Continuer la lecture de « « Ballet de madame, de petites nymphes qui mènent l’amour prisonnier. Au roi » de François de Malherbe »
Si je trépasse entre tes bras, Madame,
Il me suffit, car je ne veux avoir
Plus grand honneur, sinon que de me voir
En te baisant, dans ton sein rendre l’âme. Continuer la lecture de « « Si je trépasse entre tes bras, Madame » de Pierre de Ronsard »
Ô prompt à croire et tardif à savoir
Le vrai, qui tant clairement se peut voir,
A votre coeur reçu telle pensée
Qu’à tout jamais j’en demeure offensée ?
Est-il entré dans votre entendement,
Que dans mon coeur y ait un autre amant ?
Hélas ! mon Dieu, avez-vous bien pu croire
Qu’autre que vous puisse être en ma mémoire ?
Est-il possible ? A mensonge crédit
En votre endroit, ainsi que l’avez dit ? Continuer la lecture de « « Ô prompt à croire et tardif à savoir » de Marguerite de Navarre (Marie de France) »
» Car ou soies porteur de bulles,
Pipeur ou hasardeur de dés,
Tailleur de faux coins et te brûles
Comme ceux qui sont échaudés,
Traîtres parjurs, de foi vidés ;
Soies larron, ravis ou pilles :
Où s’en va l’acquêt, que cuidez ?
Tout aux tavernes et aux filles.
Continuer la lecture de « « Ballade de bonne doctrine à ceux de mauvaise vie » de François Villon »
Voyant ces monts de veue ainsi lointaine
Je les compare à mon long desplaisir.
Haut est leur chef, et hault est mon desir,
Leur pied est ferme et ma foy est certaine. Continuer la lecture de « « Voyant ces monts de veue ainsi loingtaine » de Mellin de Saint-Gelais »
… Bien que par le pesché, dont nostre premier pere
Nous a bannis du ciel, la terre dégenere
De son lustre premier, portant de son seigneur
Sur le front engravé l’éternel deshonneur ;
Que son aage decline avec l’aage du monde ;
Que sa fecondité la rende moins feconde,
Semblable à celle-là dont le corps est cassé
Des tourmens de Lucine, et dont le front lassé
D’avoir de ses enfans peuplé presque une ville,
Espuisé de vertu, devient en fin sterile : Continuer la lecture de « « Bien que par le pesché, dont nostre premier pere » de Guillaume de Salluste Du Bartas »