Une brusque clameur épouvante le Gange.
Les tigres ont rompu leurs jougs et, miaulants,
Ils bondissent, et sous leurs bonds et leurs élans
Les Bacchantes en fuite écrasent la vendange.
[singlepic id=133 w=240 h=320 mode=web20 float=right]Si vous aimez encore une petite âme
Que vous avez eue en mains au temps passé,
Qui n’était alors qu’un embryon de femme
Mais dont le regard était déjà lassé,
Si vous aimez encore une petite âme,
Laissez-la quelquefois revenir encor
À vous, que charmaient ses yeux mélancoliques.
Vous vouliez, songeant déjà sa bonne mort,
La refaçonner dans vos doigts catholiques,
Laissez-la quelquefois revenir encor. Continuer la lecture de « « À Quelqu'une » de Lucie Delarue-Mardrus »
Pourquoi je suis devenue lesbienne, ô, tu le demandes ? mais quelle joueuse de flûte ne l’est pas un peu ? Je suis pauvre ; je n’ai pas de lit ; je couche chez celle qui veut de moi et je la remercie avec ce que j’ai.
Toutes petites nous dansons déjà nues ; quelles danses, tu le sais, ma chérie : les douze désirs d’Aphrodite. Nous nous regardons les unes les autres, nous comparons nos nudités, et nous les trouvons si jolies.
Pendant la longue nuit nous nous sommes échauffées pour le plaisir des spectateurs ; mais notre ardeur n’est pas feinte et nous la sentons si bien que parfois, derrière les portes, l’une de nous entraîne sa voisine qui consent.
Comment donc aimerions-nous l’homme, qui est grossier avec nous ? Il nous saisit comme des filles et nous laisse avant la joie. Toi, tu es femme, tu sais ce que je sens. Tu t’y prends comme pour toi-même.