Sur le mur de droite une dizaine de toiles montrait des fesses, des fesses de femmes : des rondes, des bombées, des charnues, des roses, des courbes évocatrices, des dodues, des lisses… sur le mur d’en face s’affichaient des toiles de sexes de femmes aux vulves fermées et ouvertes, certaines aux touffes rasées ou buissonneuses. Sur le mur de gauche là aussi une douzaine de tableaux offrait des seins de formes différentes : des gros, des petits, certains dressées ou affaissées, aux pointes érigés, aux aréoles plus ou moins marqués, des blancs laiteux, des blancs halés, des noirs, des tatoués. Subjuguée par la nature de ces toiles je m’interrogeai quand à l’attitude du peintre. Pourtant et malgré ma première attitude de rejet, quelque chose me laissait rêveuse. Les toiles joliment peintes ne pouvaient être l’œuvre que d’un artiste de grand talent. En regardant de plus près, je discernai le signe d’une recherche, d’une finition, d’une réalité, le souci du moindre détail.
J’essayai de reconstituer à qui appartenait les représentations pour imaginer l’anatomie entière de la fille qui posait nue pour le peintre. J’imaginai son corps soumis aux désirs érotiques de l’artiste. Je l’entrevis jambes écartelées offrant son sexe au pinceau qui allait l’immortaliser ou montrant ses fesses et ses seins aux yeux du peintre qui mesurait, soupesait le détail évocateur des lèvres ouvertes, celui d’une toison rousse, le contour d’un mamelon…
Comment de telles poses suggestives pouvaient devenir aussi naturelles sur la toile ? Je me posais toutes sortes de questions tandis que mon émoi grandissait, que la chaleur intérieur de mon corps me suffoquait. Je dois le dire ma sensualité semblait galvanisée par les tableaux que je dévorai du regard. Les pointes de mes seins se dessinèrent sur mon maillot au tissu léger et translucide. D’une main je les caressai. Dans l’entre-jambes, ma vulve aussi travaillait. Je mis une main sur mon sexe et je sentis le désir s’entrouvrir…
– Vous aimez ? me demanda soudain une voix gutturale venue de derrière moi.
Je sursautai rouge cramoisie de confusion. Je n’avais pas entendu l’homme. Je me retournai. Je restai abasourdie, stupéfaite.
Le peintre était là, à quelques centimètres. Il soutenait de sa main gauche une palette pleine de couleur. Sa main droite tenait un ciseau. Il arborait des cheveux longs qui tombaient en désordre sur ses épaules et son dos. L’homme, hormis des baskets, était nu, entièrement nu et son sexe en érection semblait attendre, comme une main tendue, qu’on le saisisse !
N’étant pas née de la dernière pluie, j’en avait vu des hommes et de toutes les couleurs si j’ose dire, mais là je ne m’y attendais pas. J’étais confuse, gênée.
– On ne peut peindre les trésors de ces dames qu’en leur montrant le sien, me dit-il comme s’il lisait dans mes pensées, cela les rend plus naturelles, plus lascives, plus suggestives. Regardez ce tableau dont le sexe ouvert semble un appel à la pénétration, il fallait déclencher l’envie pour le peindre.
L’homme me montrait la toile, m’expliquait les couleurs qu’il avait choisies. Il me raconta de quelle façon son modèle assit sur un fauteuil ouvrit ses jambes afin de montrer son anatomie. Mon cœur s’emballait, mes mains devenaient moites, mes yeux allaient, dans un va et vient, des toiles au phallus du peintre. Il se rapprocha de moi. Instinctivement ma main se leva et se posa sur le membre dressé. La douceur de la verge érigée dans ma main me procura une jouissance. Je caressai doucement la verge. Mes doigts effleurèrent ses testicules que je tâtai, massai, chatouillai.
Lorsque je sortis de l’atelier, laissant l’artiste et son sexe apaisé, la chaleur du soleil me sauta au visage. Je repris le chemin inverse pour rejoindre le groupe qui m’attendait.
– Ça va ? me demanda le guide en matant mon corps de bas en haut.
– Oui, lui répondis-je. J’ai passé un bon moment.
Ce n’était pas un vain mot et je me promettais de revenir à Marne la Coquette pour revoir cet atelier et son peintre. Mais la prochaine foi, je viendrai seule et je poserai pour l’artiste.