Sève, qui peins l’objet dont mon cœur suit la loi,
Son pouvoir sans ton art assez loin peut s’étendre;
Laisse en paix l’Univers; ne lui va point apprendre
Ce qu’il faut ignorer, si l’on veut être à soi.
Aussi bien manque-t-il ici je ne sais quoi
Que tu ne peux tracer, ni moi te faire entendre;
J’en conserve les traits, qui n’ont rien que de tendre;
Amour les a formés, plus grand peintre que toi.
Par d’inutiles soins pour moi tu te surpasses;
Clarice est en mon âme avec toutes ses grâces;
Je m’en fais des tableaux où tu n’as point de part.
Pour me faire sans cesse adorer cette belle,
Il n’était pas besoin des efforts de ton art :
Mon cœur, sans ce portrait, se souvient assez d’elle.
Jean de la Fontaine

Un poème de Jean de la Fontaine… http://t.co/XLJ3RqQLZ9 mais ce n’est pas une fable !